Il s'agit d'une histoire que j'ai inventé, il y a bien longtemps pour Céline,la dernière de mes filles alors qu'elle n'était qu'un grand bébé . Une histoire jamais écrite et toujours racontée dans des versions évolutives...
Avant de pouvoir dormir notre Céline demandait que nous lui racontions une histoire. Un soir ou le sort m'avait désigné et que je n'avais aucun livre à portée de la main , je me suis lancé dans une improvisation à partir de souvenirs anciens mais vivaces comme fil conducteur.
C'est comme cela, que soir après soir, le petit cheval a connu des aventures quelque peu différentes ...
Avant de pouvoir dormir notre Céline demandait que nous lui racontions une histoire. Un soir ou le sort m'avait désigné et que je n'avais aucun livre à portée de la main , je me suis lancé dans une improvisation à partir de souvenirs anciens mais vivaces comme fil conducteur.
C'est comme cela, que soir après soir, le petit cheval a connu des aventures quelque peu différentes ...
Lorsque j'étais moi-même un enfant , je séjournais souvent chez mes grands parents maternels . Ils n'étaient pas cultivateur mais, tout de même proches de la nature puisqu'une étable avec deux bœufs se trouvait au pied de l'escalier de la maison familiale. Cela nous valait de cohabiter avec des essaims de mouches belliqueuses. Il y avait aussi, pas bien loin, la grange de la famille Andi.... remplie de belles vaches laitières , de bœufs -utilisés pour le travail de la terre- avec, en plus, une très belle jument d'attelage .
Je fréquentais souvent ce lieu , pour la simple raison que Paul le fils aîné du propriétaire était mon copain !
Très souvent, je l'accompagnai lorsqu'il allait faire paitre son troupeau sur les prairies du Cayre . Je m'étais assez facilement habitué à ces bêtes paisibles dont je n'avais officiellement plus peur ! Toutefois leurs splendides cornes incitait le toréros qui sommeillait en moi à éviter les aventures hasardeuses ? Si un vent de folie soufflait sur le troupeau c'est sans aucune honte que je mettais entre les bêtes et moi une robuste clôture .
J'avais de l'amitié pour la petite jument, douce et franche et elle me le rendait bien. Lorsque j'étais dans l'enclos elle s'approchait pour me saluer bruyamment à sa façon . Après quelques caresses je lui offrais du pain ou un morceau de sucre . Si je n'avais rien amené de la maison j'allais lui cueillir dans une parcelle voisine une offrande, la plus alléchante possible. Comme elle n'était pas bien exigeante elle semblait toujours satisfaite.
Aujourd'hui après toutes ces années qui ont passé si vite , je suis surpris d'avoir sans trop de peine retrouvé son nom : "Belle"qui aujourd'hui se trouve au centre de mon récit.
Lors de l'un de mes passages à St Martin, après une longue absence je partis, dés la descente du train, à la recherche de mon copain Paul . La grange étant vide de tout bétail je décidais d'aller jusqu'au Cayre pour le retrouver. Mais avant de partir, en passant devant le buffet de grand mère, je prélevais un peu sucre à l'intention de "Belle" .Lorsque le pâturage fut en vue je constatais que le troupeau n'était pas là! Toutefois à mon arrivée au niveau de la clôture j'entendis débouler "Belle"qui venait à me saluer. Elle manifesta bruyamment sa joie , comme à chacune de mes visites mais soudain, elle me parut énorme et j'ai alors compris qu'elle n'allait pas tarder a donner naissance à un petit poulain. Après de chaudes effusions et une rapide dégustation de sucre par "Belle" je quittais ma protégée et regagnais le village ou je retrouvais facilement la trace de Paul !
Paul qui n'était pas un rêveur m'expliqua simplement que "Belle" avait été remplacée par une camionnette pour tous les problèmes de transport et que finalement elle ne servait plus à rien. Comme elle était en âge de reproduire on l'avait fait saillir et son poulain serait vendu, en temps et en heure, afin d'alimenter la caisse de l'exploitation familiale !
De toute façon on la garde avec nous, me précisa-t-il avec un bon sourire: c'est bien le principal!
Il avait certainement perçu mon inquiétude et c'était vrai que je n'étais pas tout à fait rassuré ...
A l'occasion de mon séjour suivant je fis la connaissance de "Rafale", c'est ainsi que l'on avait baptisé le poulain mâle de "Belle" . Je ne trouvais pas que cette appellation prétentieuse aille bien à ce bébé cheval timide et doux, roux comme sa mère mais je fus rapidement conquis par le petit poulain! Je n'en finissais pas de lui rendre visite au point que mon grand père, dont l'amabilité était légendaire, me proposa de prendre mes repas dans la prairie du Cayre. Cela amusa beaucoup ma mère mais me contraria quelque peu !
Lors de mes courts séjours à St Martin je rendais toujours de nombreuses visites à "Belle" et à"Rafale". J'étais toujours inquiet sur le sort véritable que leur réservaient leur propriétaire qui n'était pas un grand sentimental. Je posais donc, sans cesse, des questions à mon ami Paul qui finit par me me faire remarquer, assez sèchement, que le problème ne me concernait pas. Ce qui n'était pas faux mais me chagrina beaucoup.
A partir de ce moment là, j'allais voir "Belle" et "Rafale" presque en cachette mais sans jamais oublier de leur apporter une petite gâterie. Dés que j'apparaissais sur le chemin de leur enclos"Belle" et "Rafale" s'approchaient de la barrière et manifestaient bruyamment . Je leur parlais a voix basse comme si nous échangions des secrets et leurs regards semblaient confirmer toutes mes craintes. Certes ils n'étaient pas mal traités mais comme "Rafale" grandissait vite il serait, sans aucun doute , bientôt, séparé de sa mère et vendu au maquignon le plus offrant. Le sort réservé à "Belle" ne me semblait pas, non plus, tout à fait assuré. Mes nuits étaient souvent peuplées de très vilains cauchemars...
Durant quelques mois la situation resta stable et à chacun de mes passage chez mes grands parents je courais vers le fameux enclos avec mes petits cadeaux et ma joie était grande dés que je les apercevais...Ils galopaient au devant de moi et j'étais chaque fois comme envahi par un grand bonheur tout simple...S'ils ne parlaient toujours pas j'avais tout de même l'impression que nous nous comprenions .
Un beau soir d'été à la fraiche j'ai , timidement, demandé à mon père s'il voulait bien m'acheter "Rafale"? Il me répondit fort gentiment qu'il aurait bien voulu me faire plaisir, mais que "Rafale" n'aurait pas été heureux dans notre jardin et je compris que je devais me résigner à ne plus le voir.
C'était à la fin d'un bel été , nous n'étions pas revenus à St Martin depuis de longues semaines . Une sourde inquiétude me taraudait et dés mon arrivée j'ai voulu courir jusqu'au Cayre pour aller saluer mes amis "Belle" et "Rafale" mais Mémé Octavie m'arrêta, net, sur le pas de la porte en me déclarant: n'y vas pas! Et elle ajouta ces mots qui me firent terriblement mal: ils ont été vendus tous les deux à un propriétaire du causse pas assez riche pour s'offrir une automobile!
Je fus comme foudroyé debout et rapidement je fondis en larmes dans les bras de ma douce Mémé!
En réalité la déclaration de Mémé n'était que d'un tout petit morceau de vérité ...