J’ai vu partir, en direct, ma robuste Grand-Mère paternelle, puis ma fragile grand-mère maternelle, mon grand-père maternel, mon brave homme de père, ma tendre mère puis ma tante Marthe à l’occasion de son 100ème anniversaire ! En pole position mais en léger différé c’est mon grand- père paternel qui fut le plus rapide pour passer le pas.

Je ne parlerai pas maintenant de mes amis décimés durant des épisodes sanglants, je ne les ai pas oubliés pour autant, mais c’est simplement pour la raison simple que la médecine n’a joué aucun rôle dans leur destin tragique !

A l’époque déjà lointaine de mes grands parents l’accès aux soins n’était pas une opération à la portée de toutes les familles. Pas la moindre aide pour les accidents de santé et les faiseurs d’enfants, de l’époque, n’étaient pas subventionnés. Ils devaient assumer seuls les conséquences de leurs ébats !

Dans nos campagnes l’aide du vétérinaire était plus souvent sollicitée que celle du bon Docteur. Il n’empêche qu’à cette époque le Docteur de famille était un saint homme qui n’hésitait pas à se déplacer par tous les temps, avec les moyens qui existaient à l’époque, en calèche ou plus simplement à cheval. En ville souvent à pieds en trainant leur lourd fourre tout sans avoir la certitude d’être rétribués grassement !

Les temps ont bien changé, la médecine moderne a connu des avancées que l’on n’hésite pas de qualifier de spectaculaires permettant d’améliorer sensiblement notre espérance de vie et en conséquence l’apparition de quelques bataillons de centenaires dans un état de fraicheur non garantie, ce qui ne manque pas de poser quelques problèmes tant à la SS qu’aux institutions de retraite.

On aurait pu penser que la fameuse pandémie du cochon allait permettre d’apporter une solution de facilité mais c’était sans compter sur la bonté de notre bonne Roselyne qui n’a pas hésité un seul instant avant de passer une commande de vaccins capables de sauver les jeunes de l’Europe entière en oubliant les vieux de mon espèce, catégorie qui en dépit de pathologies sévères n’ont à ce jour toujours pas reçu de bon de vaccination ! Certes rien n’est encore complètement joué mais avec un peu de malchance un grand nombre de vieux, seulement capables de voter pour le pouvoir en place aux prochaines cantonales, seront épargnés sans que cette bonne affaire ne puisse être portée au crédit de l’avenante Roselyne !

Quant à nos pauvres généralistes qui n’ont que fort tardivement été invité à la table des agapes ils n’ont pas trop bonne mine même s’ils prennent la précaution de brancher leur répondeur pour diriger leur aimable clientèle vers le 15 de tous les espoirs. Que tous ceux qui n’ont pas encore tenté leur chance à cette loterie presque gratuite ne désespèrent pas, un jour ou l’autre ils se rendront compte qu’il est particulièrement difficile de faire déplacer le médecin de garde et que l’on peut très facilement se retrouver aux urgences de l’hôpital après un semblant de consultation par téléphone ! A quant les consultations via internet ou à l’aide de visiophones.

C’est l’avenir que nous préparent les technologies nouvelles qui pourront entrer en service dés que l’on aura doté tous les foyers de France de terminaux pouvant accueillir la carte vitale et surtout toute la gamme des cartes de paiements libératrices de l’inquiétude de pas mal de praticiens !

Et vue qu’il s’agit d’une espèce menacée la situation risque fort de se détériorer encore et l’avenir ne peut donc que s’assombrir !

Je ne sais pas si l’on arrivera, à sauver la planète mais je suis persuadé que les moutons de France sont réellement menacés par toutes sortes de maux dont la cupidité …