jeudi 7 octobre 2010

La CRÈTE : avant le raz de marée chinois ?


La Crète millénaire : un bronze cul planétaire exploité par des prédateurs!

Je suis un vieux bonhomme qui a jadis participé, à l’aventure du tourisme populaire. J’ai eu la chance de côtoyer des pionniers, aujourd’hui presque oubliés. C’était pourtant des pointures à l’imagination fertile qui ont œuvré comme Gérard Blitz, Jean Paul Carrier, Philippe Polderman et quelques autres afin de promouvoir une nouvelle ère, celle d’un tourisme intelligent qui en devenant de masse, s’est finalement révélé assez dévastateur…

Retiré depuis longtemps dans le riant Pays de Caux, bloqué par quelques pathologies contraignantes, j’avais donc cessé depuis un bout de temps de courir la planète quand soudain j’ai pris conscience que si j’attendais trop longtemps il me serait impossible de tenter le moindre déplacement, ce qui provoqua ce sursaut qui m’incita, a m’offrir une escapade en Crète en compagnie de mon épouse.

Nous étions en automne les hordes sauvages qui fréquentent ces rivages en haute saison devaient avoir regagné leurs bergeries respectives et je pensais trouver sur la toile, facilement, le moyen de me tricoter un séjour hôtelier plaisant nous permettant de découvrir différents aspects de cette ile .Pour les raisons de vélocité il n’était pas envisageable pour nous de participer à un circuit classique!

Notre créneau de départ possible étant proche j’explorais le net sans trouver la solution de mon problème qui semblait pourtant simple. Finalement c’est une agence de voyage locale qui me proposa une semaine à Elounda suivie d’une semaine à Réthymnon transfert et vols inclus, le tout dans des hôtels classés confortables. Ce forfait devait être exécuté avec l’assistance du spécialiste de la destination, le tour opérateur Héliades, qui a inventé « la Grecothérapie » ce qui me sembla rassurant.

Nous voilà partis pour un voyage décidé en dernière minute qui devrait me permettre de découvrir la dernière ile grecque ou je n’avais encore jamais posé le pied.

La navette roule en direction de l’aéroport de Deauville Saint-Gatien ou nous allons rejoindre un charter XL Airways affrété par Héliades et gagner ainsi Héraklion. Nous arrivons avec une confortable avance pour récupérer notre dossier voyage au comptoir de la compagnie ou nous enregistrons notre valise. Mon appareillage médical voyage, lui, en cabine. Arrive enfin le moment le plus plaisant de ce début d’aventure : le contrôle de police. Avant d’affronter le portique de sécurité l’on scanne nos bagages à main, le contenu de nos poches est placé dans une corbeille puis l’on affronte le portique qui sonne immédiatement. L’alerte ne trouble pas le préposé qui à haute voix me lance : ce sont vos bretelles qui sont responsable, mais on va tout de même vous fouiller ! Alors intervient un nouvel opérateur ganté qui me dispense quelques caresses qui n’ont rien de voluptueuse et me voila arrivé dans la salle des départs pour une nouvelle attente indéterminée …

Dés mon arrivée dans l’avion, je constate que la formule charter réserve toujours son petit lot de surprises, aujourd’hui le vol annoncé direct pour Héraklion fera finalement une escale à Rennes.

C’est à pied, canne en main, que je parcours l’espace qui sépare l’aérogare de l’avion et c’est en seconde position que j’attaque l’escalier mobile par lequel nous accédons à bord. Nous n’allons pas bien loin puisque nous disposons de fauteuils au quatrième rang. Des sièges peu avenants, d’une fraicheur carrément passée. N’étant ni trop grands, ni trop gros nous parvenons à nous caser dans cet espace « spécial charter », toujours aussi réduit quelque soit le type de l’avion emprunté! Donc, je ne trouve pas de changements notables depuis l’invention de ce transport réputé abordable, la qualité reste toujours aussi moyenne.

Un petit intermède nous est offert par l’équipe qui opère en cabine .Un numéro type professionnel de compagnie internationale, ponctué d’annonce en anglais alors que l’appareil est exclusivement investi par des normands strictement francophones !

Mon épouse constate, immédiatement, que son siège, sans doute, acheté chez Ikea, n’est pas correctement monté faute de notice claire, autre détail, significatif, sur l’intérêt porté par XL Airways à l’hygiène : dans la poche se trouvant devant son siège se trouvait bien la revue maison, devant assurer la promotion des ventes en cabine, mais totalement tailladée et avec collé sur la page de couverture, un gros chewing-gum gluant, rendant la fiche des consignes de sécurité solidaire de ce bel ensemble ! Alerté le chef de cabine déclare simplement qu’il ne pouvait rien faire avant la prochaine escale et bien sur rien ne changea durant toute la durée du vol ! L’escale de Rennes mal vécue, enfermés plus d’une heure dans la carlingue de cet Airbus 320 immobile, bloqués sur nos sièges inconfortables. Ce fut éprouvant mais ce n’était pourtant qu’un début prometteur pour notre voyage « à la carte » avec transport assuré sur le mode charter ! Mieux vaut ne pas s’attarder sur cette prestation gastronomique servie entre Rennes et Héraklion sous la forme peu attractive d’un plateau repas peu attrayant, seul le vin était acceptable mais, comme toujours, payant !

Le trajet devait normalement durer autour de trois heures mais en réalité nous avons abordé l’atterrissage au bout de six heurs et il faisait nuit lorsque nous avons foulé le sol crétois ! Nous avons quitté sans regret notre poubelle volante et gagné l’aéroport avec l’aide d’un transport d’un autre âge et à l’entrée de l’aérogare, surprise : pas la moindre trace d’un correspondant d’Héliades pour nous guider. Nous avons suivi, en aveugle, le flot des passagers et nous avons finalement trouvé caché par une foule compacte le point de récupération des bagages…et beaucoup de temps passa avant que nous puissions mettre la main sur notre valise. Ce soir là l’aéroport semblait proche de la saturation et lorsque l’on est à mobilité réduite ce genre d’épreuve ne peut qu’être qualifiée d’exténuante. Nous étions dans les derniers lorsque nous avons quitté le terminus des bagages et toujours pas de trace de notre Tour opérateur Héliades. Flanqué de notre valise et des bagages de cabine nous errons dans l’aérogare à la recherche d’un panneau indiquant la mention Héliades mais sans succès. Tout à coup nous nous retrouvons dans la cour et nous apercevons enfin les stands des agences opérant sur l’ile. Face à celui d’Héliades la queue était impressionnante. Il ne me restait plus qu’à m’assoir sur ma valise et à progresser par petit bonds. Notre tour arriva enfin nous avions devant nous deux filles avenantes « habillées en Héliades »qui se bornèrent à constater que nous figurions bien sur leur liste et nous invitèrent dans un sourire à gagner le bus 21 qui selon elles se trouvaient non loin de là? Le parking était mal éclairé, comme les bus remplissaient tout l’espace disponible sur au moins quatre rangs, les numéros n’étant pas faciles à repérer ce fut un vrai plaisir ! Cela prit,donc, plus de temps que prévu et la fatigue se faisait cruellement sentir. Toutefois nous ne risquions pas de manquer le départ car l’attente fut très longue soumettant notre patience à dure épreuve! Enfin arriva une hôtesse décontractée certifiée Héliades, elle s’empara du micro et nous gratifia d’ un flot de généralité dont nous n’avions que faire, en nous précisant tout de même que cet autocar- omnibus allait desservir un grand nombre d’hôtels et la dernière bonne information énoncé fut que nous serions les derniers déposés fort tard dans la nuit et elle nous abandonna au chauffeur muet! Et l’épreuve du transfert put enfin débuter ! Ce fut incontestablement long et pénible, notre chauffeur se révéla être un virtuose du volant sur des routes difficiles, réalisant des prouesses qui nous maintenaient éveillé, aussi bien dans les traversées de villages aux rues étroites, toujours forts encombrés. Certains accès à des hôtels merveilleusement perchés, cela s’apparentait à de la conduite acrobatique, sans rien toucher, il est passé partout parfois au centimètre près sans toucher! Ce fut long mais nous n’avions plus sommeil et enfin le bus se vida, il n’en restait plus que quatre passagers, subitement nous avons pris conscience que nous ne devions ne plus être très loin d’Elounda ! Impression fausse car nous avons encore roulé un bon moment sans bien nous rendre compte de la distance réellement parcourue. Sans préavis, le car s’arrêta soudain sur une petite route peu éclairée, le chauffeur annonça l’ELOUDA PALM. Nous quittâmes le car à sa suite, il ouvrit la soute à bagages nous mit en main nos paquets, nous montra de la main un trou noir entre des arbres puis il remonta dans son car nous laissant hésitant sur le bord de la route. Maintenant nous apercevions dans le noir un chemin empierré dont la déclivité vertigineuse nous inquiétait quelque peu, moi dont la stabilité n’était guère assurée. Nous marchions à tout petit pas en aveugle sans rien savoir du parcours qui nous attendait. Nous étions en alerte rouge en progression ultra lente lorsque subitement notre chemin vira de bord en nous dévoilant enfin une lumière formant une tache claire dans ce trou noir. Le terrain étant un peu moins pentu notre progression s’accéléra un peu et c’est en triomphateur de cette méchante épreuve que nous fîmes notre entrée dans le hall de l’hôtel ELOUNDA PALM !

(à suivre)