dimanche 2 septembre 2012

Retour sur le passé...


Le petit cheval blanc, qui ne l’était pas avant de devenir la vedette d’une belle histoire que j’ai souvent raconté à mes enfants, au coucher, afin de les aider à trouver un sommeil plein de rêves apaisants.

C’est, en partie, une histoire que j’ai vécue du temps de mon adolescence.
 Je fréquentais alors avec beaucoup d’assiduité l’Oustal Bugueret, la maison de mes grands parents maternels. Cette maison de famille, proche de la ferme des Andissac, ou le fils ainé Paul, un peu plus âgé que moi, s’affirmait prometteur. Ce garçon débrouillard me fascinait et cela m’incitait à vivre à coté de lui des expériences très exaltantes.
Cette famille exploitait une propriété de taille moyenne mais aussi une épicerie-bureau de tabac, auquel était attachée une pompe à essence. C’était un pôle de notre village à cette époque bien animé et cerise sur le gâteau, Marius, le père de Paul, était, de plus, marchand de vin ! C’était l’une des familles prospères du village.

L’automobile était encore bien rare et le chemin de fer était le moyen de locomotion habituellement utilisé par les gens de la vallée pour se rendre à Cahors, le chef lieu de notre beau département, si peu industrialisé.
A cette époque, rares étaient aussi les  paroissiens de la vallée qui roulaient sur l’or !
Un signe extérieur de prospérité, ces voisins là, disposaient pour se rendre dans les foires du canton d’une voiture entrainée par une jument douce et véloce mais aussi capable de ramener le propriétaire au bercail, sans problème, en cas d’un gros coup de fatigue ! Cette petite bête n’était que rarement surmenée et même à la belle saison, elle passait plus de temps dans sa prairie que sur les routes. C’était la mieux traitée de tous les animaux de la ferme, elle bénéficiait même, j’en suis certain, d’attentions particulières, des gâteries dont, moi aussi, j’étais un pourvoyeur fidèle…
C’est avec cette bête, particulièrement douce et la complicité de Paul que je fis des débuts remarqués en équitation, tout particulièrement, dans la monte à cru ! Mon plus grand exploit, qui resta le seul fut une chute, orchestrée par le malicieux Paul. Après m’avoir aidé à m’installer sur la jument, il m’avait placé les rênes dans les mains et voyant que cela ne démarrait pas assez vite, il avait gratifié la jument d’une tape sur la croupe libérant aussitôt, chez la demoiselle, une vélocité certaine. Si par miracle j’ai bien traversé l’enclos sans chuter, il en alla différemment lorsque la jument freina sec devant un buisson, me faisant réaliser un roulé boulé très réussi. Je répertoriais, sans hâte, mes abattis et constatais que tous avaient bien résisté au choc. Toutefois, après cet exploit équestre ma carrière s’arrêta net!

Dure époque que celle de mes grands parents, durant laquelle l’argent était particulièrement rare et où tout devait être rentabilisé. Alors il fallut bien que la petite jument procure un revenu et paye son entretien, alors quoi de plus simple que de lui demander avec délicatesse d’accepter d’offrir aux maitres un gentil poulain.
Comme chaque année la rentrée scolaire arriva et je regagnais le Lycée « Grand Bêta » et je ne revins au village que pour les fêtes de fin d’année. Lorsque j’allais lui offrir, dans son box, la traditionnelle gâterie je remarquais que ses flans avaient pris une certaine amplitude. A mon voyage suivant Paul m’annonça que la belle leur avait offert un poulain très réussi et m’amena le visiter dans la prairie de Méline ou il coulait des jours heureux en compagnie de sa  mère. Avant de partir je faisais un crochet par la maison pour remplir mes poches de petits cadeaux. Puis c’est en papotant de tout et de rien que nous gagnâmes Méline et nous étions encore loin que nous pouvions constater que nous étions attendus par la mère et son petit qui nous accueillirent avec une joie non dissimulée, bien avant que nous n’ayons franchi le seuil de leur enclos. Roussette après avoir fait la fête à son maitre me fit comprendre qu’elle appréciait ma visite et semblait attendre un autre événement qui ne venait pas assez vite, mon cadeau du jour et son petit qui me voyait pour la première fois avait à mon égard la même attitude que sa mère. Vint, enfin, la distribution des friandises  et les manifestations de joie de ses deux là s’amplifièrent! Paul me précisa que le petit avait été baptisé « Frisquet » en raison du temps peu clément qu’il faisait le jour de son arrivée. Frisquet et la Roussette donnaient une valeur certaine à ce bout de prairie que longeait notre Lot si beau, surplombé par des falaises impressionnantes.
A chacun de mes passages dans le village je ne manquais jamais de rendre visite à mes deux amis, suivant la saison à leur étable toute proche de l’Oustal Bugueret ou dans leur prairie avec dans la poche, toujours, une gâterie !
Le temps passant vite pour tous les habitants de la planète  le petit cheval grandit bien vite et chaque fois que je  revenais  je le trouvais beaucoup changé, mais toujours adorable comme La Roussette sa maman. A la belle saison lorsqu’ils étaient au pré cela m’obligeais à une belle balade dans ce chemin qui longe la rivière sous la falaise du Caire et chaque fois que je leur ai rendu visite, ils étaient presque toujours là pour m’accueillir à la porte de l’enclos, à croire qu’ils savaient que je venais leur rendre visite ? Durant mes longes absences bien qu’étant entouré par mes fidèles greffiers, mes chats, je pensais souvent à la Roussette ainsi qu’à Frisquet. Et puis un jour mon ami Paul parla de la vente prochaine du poulain, ce qui n’était qu’une chose naturelle mais qui me fit une peine énorme. Dés que je le pus j’essayais de convaincre mon Père que nous devrions nous porter acquéreurs. Ce dernier sans me brusquer me fit comprendre que la maison que nous occupions dans la ville, même si elle était dotée d’un grand potager était dépourvue de box et il n’y avait pas non plus de pâturage naturel disponible dans les environs. Ce constat aggrava un peu plus mon chagrin et je me montrais maladroit avec mon ami Paul,  qui lui ne voyait dans cette opération qu’une chose normale et avait surement raison. Moi je lui en ai voulu un peu et beaucoup lorsqu’à l’occasion de ma venue à l’Oustal Bugueret je constatais l’absence de Frisquet, mais heureusement la Roussette était là et affichait une tranquillité apaisante!
Beaucoup d’eau à coulé sous le Pont Valentré mais ma mémoire a su garder bien vivante cette péripétie, alors quelle a occulté des pans entier de ma vie d’autrefois sans aucun doute possible classés importants ! Curieux comportement de ma mémoire que je ne comprends pas toujours !