Le soleil
annoncé était bien là, accompagné d’une brise normande pas du tout désagréable.
La matinée m’avait parue courte, elle s’était terminée par un déjeuner sur la
terrasse, cette nouvelle journée avec dialyse, ne s’annonçait certes pas agréable
mais normale.
Mon
enthousiasme, en prit un coup dés l’arrivée de mes ambulanciers. En effet dans
le binôme qui se présentait devant moi il y avait une jeune femme très
professionnelle qui était flanqué d’un boulet incapable d’exécuter les tâches
les plus simples. Ce n’était pas notre première rencontre avec ce fleuron que l’on
associe à des professionnels auxquels il ne facilite pas la tâche. Dans le cas
de la jeune femme d’aujourd’hui, elle dut bien exécuter les manœuvres les plus
physiques puisque à la question tu peux
le faire, la réponse était toujours : je préfère que tu le fasses ! Accompagné d’un sourire flatteur.
J’étais admiratif devant la complaisance
de cette équipière mais je sentis poindre, en moi, une certaine inquiétude.
C’est sur le
brancard que je fus enfourné dans l’ambulance, je n’avais pas la position
idéale mais je n’avais pas la moindre envie de compliquer une situation que je jugeais
critique. Et l’ambulance s’élança pour gagner la section troglodyte de l’hôpital-usine
Monod. Le zombi était à coté de moi sur le siège accompagnateur, il contemplait
un téléphone. Moi j’avais un besoin urgent de rectifier ma position et
sollicitais de l’aide ce qui se traduisit par la montée d’un cran de mon buste et
ne changea rien à mon inconfort. Je m’exhortais à la patience et j’arrivais à
destination complètement noué. Après l’épreuve du transfert je me retrouvais
dans lit qui m’a été affecté, un peu meurtris, mais pas trop loin de la porte d’entrée.
Dans la
grotte, rares sont les emplacements qui ne présentent pas de désagréments,
celui que j’occupe aujourd’hui est caractérisé par la nuisance, moult fois signalée,
d’un plafonnier placé en face du lit, qui ne facilite point la méditation.
L’infirmière
qui me prend en charge est une vielle connaissance bien qu’elle soit encore
toute jeunette, lorsqu’elle est dans la grotte on ne peut pas la manquer car
elle a le verbe haut et rès imagé, un seul exemplaire de ce type suffit pour
introduire un peu de gaîté dans l’ambiance mouroir qui règne ici. Elle consulte
ma fiche et me fait remarquer à voix haute, que ma fistule a saignée lors de la
précédente séance en antenne ! Mais comme le suivi n’est pas le point fort
de cette usine elle ignore que ce désagrément a débuté une séance plus tôt ici même au fond de la grotte. Mais qu’importe
pourvue que le robot fasse correctement son travail. De légers saignements se manifestent
à la mise en place des aiguilles mais la
belle qui en a vue d’autres maîtrise la situation et minimise le problème !
Moi, alors et sans perdre de temps je me conditionne pour rejoindre les bras de
Morphée et échapper à l’agressif plafonnier. Mon sommeil ne fût pas certes tout
à fait serein, j’émergeais plusieurs fois, un coup d’œil au robot m’incitait à
la patience et au prix de quelques efforts méritoires j’ai replongé dans mon
néant, chaque fois.
A mon réveil
j’étais seul mais dans ce silence d’où émergeait le ronronnement du robot, je
fus subitement en alerte provoquée par une sensation d’humidité et aussi d’alanguissement.
Lorsque je soulevais le champ qui masquait ma fistule je me rendis compte que
je baignais dans mon sang et une fois de plus j’eus l’impression que ce lieu n’était
que peux sécurisé. Au royaume des robots les humains qui les servent sont en quelques
sortes contaminées par la routine. L’équipe de garde vint constater les dégâts
sans intervenir sur la cause, puis je vis rentrer dans le sanctuaire un groupe
de filles en blanc, de joyeuse humeur. Mon intervenante prend immédiatement la commande
de la manœuvre pendant que le robot s’affole. Je suis restitué et l’on doit
encore être me rendre présentable et je rentre , fatigué chez moi avec un pantalon d’emprunt comme dans les histoires bien
épicées …