mardi 29 janvier 2008

KERVIEL. Petit retour sur un passé pas bien lointain...

L'affaire de la « Société Générale » bourdonne méchamment, toutefois il semble difficile d’affirmer qu’elle est enfin devenue tout à fait limpide cela serait sans doute, faire preuve d'un optimisme beaucoup trop exagéré!

Jérôme Kerviel traité de trader "terroriste" par son PDG est mis en examen mais laissé en liberté sous contrôle judiciaire car l'accusation d'escroquerie n'a pas été retenue contre lui. Le parquet ayant fait appel de cette décision il se peut qu’en raison de sa non appartenance au gotha de la finance le jeune trader puisse être, prochainement, privé de sa liberté! En effet il doit sembler tout à fait insupportable à la grande aristocratie financière qu'un grouillot breton classé besogneux, puisse oser ,après si peu d’années de présence semer la panique et menacer la quiétude de tous les dignitaires capés et dorés sur tranche qui hantent la vénérable maison. Que ce jeune étourneau en voulant les épater ait pu mettre en danger ces hommes d'exceptions qui dirigent la banque, la plus sécurisée du continent et reconnue comme telle par leurs pairs mérite, sans nul doute pour eux, un châtiment exemplaire!

Cette affaire étant heureusement entre les mains d'une justice républicaine indépendante nous voulons tout de même espérer un dénouement équitable. Mais, c'est vrai, pourquoi ne pas l'avouer, une légère appréhension nous titille !

Le milieu bancaire, à nous gens du peuple, n'inspire que méfiance et crainte et ce n'est certes pas sans raisons, tout particulièrement, en ce qui concerne ma famille maternelle. En effet mon grand-père Edouard qui a vécu à l'époque où il fallait "travailler beaucoup pour gagner peu" n'a pas eu la vie facile même s'il a eu la chance d’échapper à deux guerres. Celle de 1870 en raison de son jeune âge mais aussi à celle de 1939 pour laquelle il était déjà trop vieux. Malgré sa chance il a du trimer dur pour élever ses enfants, sans aucune aide, sans couverture sociale, simplement à la force de ses bras. A cette époque difficile, que quelques favorisés ont tout de même qualifié de "belle époque" il fallait aussi penser à se constituer, seul, une retraite et ce n'était pas une opération facile car l'argent était extrêmement rare. Mais, hélas les banques étaient déjà là pour aider ? Pour les "plumer" correspondrait mieux à la réalité des faits qui ce sont déroulés durant une assez longue période qui était celle ou mon grand-père Edouard trimait comme une bête pour être en mesure de placer quelques économies à la Société Générale afin de ne jamais être à la charge de ses enfants tout au long d'une hypothétique vieillesse. Il ne manquait point d'idées ni de fierté mon grand-père Edouard qui par malchance croisa la route d'un courtier de la SG affable et qualifié de bon conseil par la rumeur.
C'était l'époque "des fameux Young" appellation populaire de l'emprunt Russe qui symbolisait une épargne rémunératrice et de toute confiance!
L'engouement pour ces placement était grand et l'habile courtier n'eut pas grand mal à persuader mon grand-père qui se priva un peu plus pour réaliser de bons placements. Je me souviens qu'après chacun des passages de ce personnage ma grand-mère avait bien du mal à assurer leur survie! Mon père était furieux mais comme il respectait mon grand père ce n'était que rarement qu'il intervenait sans être le moins du monde entendu !
Donc à l'arrivée des Bolcheviques à Moscou les remboursements cessèrent acculant petits et grands épargnants à la ruine et pour certains à la mort. L'issue fatale était connue des banques bien avant la terrible échéance mais cela n'empêcha pas les courtiers de placer les fameux Young jusqu'à la toute dernière minute!
Ce fut une période épouvantable que je n'ai jamais pu oublier tant j'ai eu de la peine a voir mes grands parents dans une si grande détresse!
Depuis je n'ai jamais pu faire confiance à une banque et encore moins à la Société Générale et ce n'est pas la débâcle actuelle qui peut me rendre cette vieille dame sympathique!
Alors aujourd'hui lorsque j'entends le nouveau patron vertueux, de notre belle république nous exhorter à "travailler plus pour gagner plus" cela me donne envie de rire car il faut être gonflé pour nous repasser ce plat d’un autre âge réchauffé à la sauce "intégration réussie"! En pulvérisant tout nos acquis sociaux il pense sans doute pouvoir nous livrer "pieds et points liées" à ses amis des banques!
Connaissant bien le petit peuple de France je ne peux pas arriver à croire qu'il acceptera de se laisser plumer sans réagir !
Alors tout simplement souhaitons ensemble bonne chance au petit peuple de France !