mercredi 17 août 2011

Secousses dans la vie d’un ghetto ?


J’évolue depuis peu dans le curieux univers de la dialyse ou atterrissent, plus de représentants du petit peuple que de favorisés ayant évolué dans les tranches supérieures de l’impôt. Cela semble être l’avis, partagé, par les soignants du centre, mais en ce qui concerne la fournée à laquelle j’ai été rattaché arbitrairement, je ne saurais dire, si oui ou non, elle correspond à la norme nationale. J’avoue que, pour le moment, je ne dispose pas d’éléments suffisants fiables pour appréhender de façon sérieuse une quelconque ébauche de statistique !

A vue de nez ma palanquée, semble composée d’une majorité de laborieux auquel le hasard a aggloméré quelques exemplaires, de « la middle class », à des degrés très divers. Ces sinistrés de la vie qui se croisent fugitivement lorsqu’ils se présentent un peu avant l’heure de la fournée du matin ou du soir ne communiquent, en fait que très peu. La grande majorité arrive à la séance flanqués de brancardiers, ou mieux sont accompagnés d’un membre de leur famille ou tout simplement par un conducteur de VSL stressé qui les déposent, pèle mêle, devant l’antre sans trop de précautions.

Qu’ils soient livrés sur brancards, ou qu’ils piaffent en fauteuil, observés par les quelques autonomes qui caracolent sur leurs propres cannes, formant un sous groupe minoritaire pas forcément plus pétulant ! En réalité dans ce monde des exclus, l’on se croise, en échangeant quelques rares propos et à l’occasion un sourire mais cela ne va jamais bien loin tant l’intensité du désarroi de ces pèlerins semble grande !

Un peu plus tard, chacun depuis sa niche, un espace ouvert, peut participer a longueur de séance à la déroute collective. Subir quatre heure durant l’incroyable toux d’un catarrheux chronique, qui ébranle toute la structure, ou recevoir à la volée les cris ou les propos délirants d’une dérangée avec pour tout dérivatif l’observation du « détenu » qui flanqué de son escorte policière, jouit de toutes les protections possibles. C’est peu pour distraire les paumés ordinaires rassemblés en ce triste lieu !

Mais a-t-on droit à une autre pioche ?

Pourquoi pas puisque nous sommes au domaine de l’aléatoire flagrant ou presque!

La dialyse ou l’usine dans l’usine ?

Lorsque l’on découvre L’hôpital J. Monod après avoir expérimenté d’autres lieux de séjour du même type et si nos lampes sont bien allumées, l’on se rend très vite compte qu’ici on fait du social, au moindre cout. Rapidement l’impression dominante est qu’ici l’on gère beaucoup plus que l’on ne soigne. On pourrait même croire que tout est définitif car bien huilé et que dans cet étonnant système c’est le gestionnaire qui est roi et règne finalement en maitre! Alors pas étonnant de rencontrer, ici, rassemblés tous les petits désagréments qui rendent la vie d’un patient tellement agréable …

Je reviendrais sur ce sujet si important lorsque ma découverte du grand bateau sera plus complète !

Aujourd’hui je vais simplement essayer de retrouver les impressions et les sentiments divers qui m’ont assailli durant mes premières plongées en dialyse !

Tout d’abord un rappel utile, étant arrivé en marche -arrière en dialyse-, donc pas équipé de la fameuse fistule réglementaire, j’ai donc eu droit, dans l’urgence, sur le lit proche du robot a un branchement provisoire réalisé par un tandem inédit, preuve que la grande diversité est bien intégrée dans notre région. Un médecin d’origine possible africaine, contrôlant le travail de son confrère originaire d’un ancien pays de l’Est ! Une sorte de retour à la source, une vraie médecine de terrain… à l’ancienne !

Durant cette première séance qui fut relativement courte tout a basculé dans mon pauvre crane ! Alors je ne me souviens que de cette agression, non caractérisée, suivie d’une sorte de somnolence inconfortable ! De la séance suivante, toujours aussi courte c’est mon périple en lit dans les couloirs et les ascenseurs de l’usine, que j’ai retenu, une occasion magnifique de réaliser d’intéressants travelings sur des plafonds inattendus. L’accueil souriant de l’infirmière, chargée du contrôle de mon robot fut un moment important puisqu’elle m’expliqua simplement la manœuvre en cours. Aussitôt je compris que l’humain interférait dans le processus engagé mais en fonction des qualités qui existait en stock chez le manipulateur.

Les séances se rallongèrent et j’eus l’impression de vivre couché, dans un réfrigérateur. C’est vrai, mon entrée en dialyse ne fût pas triomphante en dépit de l’offre de survie indéterminée, mais dans un environnement pas franchement attrayant !

(à suivre)