jeudi 8 septembre 2011

Une fistule pourquoi pas?



Un peu de temps a passé depuis cette rencontre, d’un type indéfinissable, entre un paquet de lessive transbahuté sans précautions particulières et projeté dans la cage d’un soi disant chirurgien, bougon, aux prises avec ses méditations. Par réflexe il s’est saisi de mon bras gauche et a grommelé : « ça va être possible ».Visite suivie, un peu plus tard, par une rencontre plus chaleureuse avec un anesthésiste plus disert qui m’a enfin expliqué ce qui suit :

« Une fistule est la mise en communication d'une artère et d'une veine. Avec le temps, et sous l'effet de la pression artérielle, la veine va se dilater, avoir un débit plus important et augmenter sa résistance. La fistule possède l'avantage sur le cathéter (posé obligatoirement sur une grosse veine centrale) de permettre la cicatrisation entre les séances – et par conséquent moins d'entrée de germes. »

Lorsque le jour « J » arriva je devais rapidement constater que la chronologie annoncée par le volubile anesthésiste n’était pas respectée. Une anesthésie locale m’avait été annoncée mais en fait je n’ai eu que le temps d’entre voir l’antichambre du bloc opératoire, de découvrir, tout de même, que l’anesthésiste qui était aux manettes n’était pas celui qui m’avait expliqué le déroulement de mon intervention. Ensuite, même pas eu le temps de découvrir le chirurgien que j’étais déjà dans les bras de Morphée et a mon réveil je me suis simplement rendu compte que j’avais un pansement à mon avant bras gauche prolongé par une canalisation plastique qui débouchait dans une sorte de petit réservoir, vide, vu que le sang suintait le long du tuyau sans que cela inquiète le moins du monde l’artisan de cette belle œuvre qui bien qu’alerté ne se manifestait pas facilement !

Il faut dire que ce n’était pas mon premier avatar ? La nuit qui avait suivi la pose de mon cathéter avait été chaude. Je m’étais endormi facilement de bonne heure car bien fatigué. A ce moment là tout était normal, mais je me suis réveillé tout à coup dans une chambre obscure dans une certaine humidité. Je cherche la commande d’allumage de ma lampe. Lorsque la lumière jaillit je me rends compte que je baigne dans mon sang et je n’ai rien senti ! J’alerte l’infirmière de nuit qui mit un certain temps à apparaître car occupée à l’autre bout du couloir par je ne sais qu’elle tâche. Et comme je lui fais remarquer son manque d’empressement je suis gratifié en retour de remarques aimables que je juge inappropriées mais il est urgent d’intervenir pour stopper l’hémorragie à l’aide d’un énorme pansement compressif. A la fin j’hérite d’une nuisette de chirurgie d’une éclatante blancheur et me voila reparti pour un nouveau somme ! J’avoue que je n’étais pas serein après avoir découvert que la surveillance de nuit des patients était voisine du degré zéro ! J’aurai pu me vider de mon sang et mourir comme un vulgaire poulet égorgé ! Ma nuit fut particulièrement tumultueuse car l’on dut changer mon pansement compressif sept fois et cela ne m’a pas laissé un merveilleux souvenir de l’hôpital public !

Aujourd’hui j’avoue être tout de même quelque peu en alerte car même si la fistule présente d’incontestables avantages sur le cathéter, le maniement des aiguilles demande une assurance certaine sans toutefois assurer pour autant le niveau zéro dans le degré de la douleur. J’appréhende le passage à ce nouveau mode c’est certain !

(à suivre)