samedi 5 novembre 2011

Une véritable histoire à rouler debout !

Lorsque l’on a des problèmes de santé et que l’on fréquente les établissements hospitaliers du secteur tout naturellement on fait appel aux services VSL d’une entreprise de transport spécialisée. Ce n’est certes pas toujours formidable et au fil des prestations j’ai enregistré quelques anomalies et même quelques très beaux flops. Toutefois ce 4 novembre qui fut exceptionnel vaut la peine de vous être conté ! Voici donc les péripéties de cette dernière chevauchée en Pays de Caux.

J’avais rendez vous en dialyse, à J Monod, à 13h30. À 12h35 la VSL prévue pour ce transfert était bien devant ma porte. Avec l’aide du chauffeur-ambulancier je m’installe à l’avant et vogue la galère c’est parti direction Le Havre! Nous roulions encore dans Fécamp lorsque le chauffeur annonçait timidement : nous allons charger un autre patient -un silence puis il ajouta- à Gruchet le Valasse. Je lui fis remarquer que ce n’était pas le meilleur itinéraire pour gagner Monod, mais comme mon convoyeur avait des ordres il ne pouvait y déroger ! Sur le ton de la plaisanterie je fis alors la remarque suivante à mon aimable conducteur : conseillez donc à votre patron d’affréter une flotte de minibus, car son entreprise s’apparente de plus en plus à du transport groupé !

J’étais déjà en alerte, je pressentais des surprises et la suite des événements vécus a prouvé que je n’avais pas, tout faux. On a bien fini par trouver le deuxième patient en partance pour Monod. C’était une handicapée de forte corpulence, qui se déplaçait avec difficulté à l’aide de deux cannes anglaises. Je compris que rapidement j’allais me retrouver coincé sur la banquette arrière, en grand inconfort. C’est bien le scénario que j’ai vécu. Je suis arrivé encore vivant à Monod mais gavé des mésaventures vécues par cette bonne dame passablement expansive... Suivit l’épreuve classique de l’arrivée, celle dite du fauteuil roulant, rendu inaccessible par manque d’un ridicule petit jeton ! Mon convoyeur me déposa vite et bien fait, navré dans le regard. Après cette mise en route franchement énergique j’enchainais sur quatre heures de dialyse à l’issue desquelles j’ai vu réapparaître mon transporteur. J’étais à ce moment là, complètement essoré, je n’avais qu’une envie, me retrouver chez moi le plus rapidement possible. Mais les orfèvres de « Coquelet and C° » m’avaient concocté un programme bien différent!

A nouveau, cramponné à mon fauteuil, en route vers la VSL mais durant ce court transfert j’apprends que nous allons récupérer un autre patient à Monod Sud. Je suis tout de même surpris lorsque je constate que deux dames sont déjà installées dans la VSL. Sans perdre de temps nous partons chercher le 5ème passager de ce transport qui devient franchement collectif. Puis soudain la situation se dégrade brutalement lorsque deux personnes se présentent à l’embarquement. Impossible de les charger car la place manque et de plus nous serions en infraction ! Notre Boy Coquelet, tout de suite, fait face à une situation devenue conflictuelle et sans perte de temps il tente de joindre sa base mais le brain-trust de ce fleuron du transport sanitaire Cauchois a déjà enclenché le plan week-end, il est alors 18h05.C’est donc l’ambulancier de permanence qui répond, il semble futé car il propose une solution d’urgentiste complètement démuni, mais assez peu orthodoxe et à manier avec précaution. En effet l’on a seulement proposé aux abandonnés par « Coquelet » de chercher dans leur famille une solution de rapatriement ? Pas facile de faire accepter ce genre de solution! Transporté le matin et abandonné le soir cela fait un peu désordre alors que le dispatcher ne pouvait pas ignorer qu’ils étaient bien deux à rapatrier, le patient et son accompagnant. Noire était la rage de ce brave homme que nous allions abandonner après de longues palabres réconfortantes. Consciencieux le « Boy Coquelet » joua son rôle parfaitement dans cette cagade dont il n’était pas responsable. Il attendit d’avoir la certitude que ces malheureux ne passeraient pas la nuit sur une chaise du hall Sud ! Mais cela a pris finalement pas mal de temps et nous avons patienté sagement …

… lorsque l’on quitta enfin l’hôpital, moi le naïf, je crus sottement que nous allions enfin rallier Fécamp mais curieusement je me suis retrouvé à Valmont ou nous avons déposé les deux dames.

Alors, après cette chevauchée fantastique il me semble naturel de venir, sans perdre de temps, vous remercier pour votre belle prestation totalement imprévue, c’est pourtant une performance que vous pouvez, sans doute, réussir, à nouveau, un jour prochain tant votre staff technique semble affirmée ! Il est vrai, que ce genre de désordre peut nuire gravement à votre réputation d’homme désintéressé, qui œuvre durement afin de participer au bonheur des hommes dans la souffrance. Alors vous comprendrez que ma déception soit grande. C’est pour cette raison seulement que j’ai cru bon d’attirer votre attention.