jeudi 24 avril 2014

Depuis que j’ai découvert la dialyse à l’hôpital Jacques Monod…




… C’était encore dans le cadre de l’ancienne dialyse qui me rappelle des souvenirs mitigés, je n’avais à cette époque aucune expérience de ce type. Je découvrais un monde qui m’était étranger, je rêvais encore un petit peu ! Il est clair que je voyais, surtout, le répit qui m’était offert et pas encore tout ce que çà impliquait comme complications et de renoncements dans ma vie au quotidien…
Lorsque j’ai plongé en dialyse  je me considérais comme un homme normal même si je savais, depuis longtemps,  que je souffrais d’une insuffisance rénale.  Je marchais, je chantais parfois, mais je parlais toujours normalement,  sans assistance.
C’est à cette époque que nous fûmes transférés à la nouvelle dialyse dont nous avions entendus parler mais dont nous ne savions pas grand-chose!  Pour moi ce fût un véritable choc qui  eut pour effet de me faire régresser à vitesse accélérée, j’en suis intimement persuadé ! A mon entrée dans ce tunnel, le claustrophobe  qui sommeillait en moi actionna le signal d’alarme. Ce truc a été conçu  par des maniaques de la double peine, astreindre des patients à qui l’on est censé offrir un supplément de vie me semblait très gonflé de nous parquer, sans autre choix possible, au purgatoire dans une sorte de grotte truffée de technologie plus ou moins nouvelle. J’étais en révolte,  qui dans cette société de débiles avait eu le courage de condamner des pauvres ères à un tel traitement   et je m’entendis même hurler « Je ne veux pas crever ici » ! Beaucoup de temps a passé et je suis toujours là, mais toujours déterminé à me tirer de ce centre de pèlerinage où l’on ne recense aucun miracle.
C’est en état de morosité avancé que j’aborde  ma séance de ce mercredi 23/04/2014, à mon entrée dans la grotte avec un léger retard sur l’horaire prévue je note une activité importante pour cette heure ! Comme chaque jour l’on chatouille les fistules « au bonheur la chance » même si toutes les opératrices sont labellisées. Je suis conduit au fond du boyau, la zone de non droits  où l’on me jette dans un lit sans potence ce qui implique zéro mouvement durant la durée de la séance. Un, deux, trois jeunes personnes gravitent autour de mon lit, très afférées, elles disparaissent tout aussi mystérieusement laissant derrières elles un léger babillage. Puis la préposée à la séance de banderilles intervient sans chercher le contact. Elle doit savoir que parler est difficile pour moi, alors elle fait l’impasse des civilités pour m’épargner ? Le geste est précis et la séance est menée prestement sans aucune mauvaise surprise. Mon intervenante serait-elle une pro de la lancette ou s’agit-il, plus simplement, de son jour de chance dont je partage les effets positifs, dans le silence le plus strict .Me voilà parti pour  une longue attente qui débute bien, je constate que la sonnette qui permet de solliciter de l’aide mais aussi de moduler l’éclairage, se trouve hors de ma portée, mon intervenante s’est envolée , je la vois prés de la sortie de la grotte, elle marche vers la lumière. C’est fou le temps consacré à l’attente dans ce Centre, à croire que l’on est  ici, pour apprendre l’humilité et la patience!  Pour tuer le temps j’envisage une incursion sur la télévision mais je constate que je ne dispose pas non plus de télécommande, je remarque aussi que mon écran est mal positionné donc j’étais assuré de bénéficier d’une image lamentable. L’on fera un essai un peu plus tard ? J’ai noté qu’il existe ici une spécialiste de la télécommande qui vous demande : qu’elle chaîne voulez-vous ? Elle se tire en un éclair en emportant la précieuse télécommande et vous voilà condamné à rester bloqué sur un programme débile avec en plus une image désastreuse et l’on a plus qu’à guetter son prochain passage. Je n’ai rien vu, ai-je dormi, peut-être ? Mon intervenante ayant réapparu  je lui pose ma question : pour avoir la télé comment s’y prendre ? Elle se lance sur le circuit de la grotte et réapparaît avec en main une télécommande totalement inefficace. Mon expérience télévision tourne  court dans un centre ou la technologie est dominante.
 C’est dur d’être dans un lit sans pouvoir bouger et même se gratter, lorsque la gratouille s’affole çà tiens du supplice et si l’on pette les plombs c’est dans l’indifférence générale.
Et  lorsque le robot égrena ses sonneries mon intervenante était en mission extérieure et moi j’avais atteint la limite supérieure  du supportable, ce qui ne l’empêcha pas d’arriver à petits pas tranquille. Elle me retira  mes aiguilles avec pour seul échange : bande ou compresse, je répondis compresses et en échos à ma réponse elle lâcha bande ce m’obligeât à rectifier en articulant du mieux possible : compresses ! Pendant le temps de la compression elle me tourna le dos et laissa ses yeux rivés sur la pendule.
La conclusion de cette aventure fut l’ultime phrase prononcée  par ma soignante : On va vas à la piscine à qu’elle heure demain ? 
Je n’ai pas cru un seul instant que la question s’adressait à moi ?
Au final une séance de dialyse dans toute sa normalité, ce qui laisse, tout de même, un peu de place  au doute.