Comment aurait réagi notre terrible bougon ? Une de ses
colère destinée au monde entier se serait manifestée mais face à l’impuissance
constatée elle serait retombée très vite, toujours prête à ressurgir, voila
comment j’appréhende ma situation, pas du tout confortable…
Mon temps de libre, lorsque je ne suis pas en dialyse ou en
kiné, je le passe dans mon cabanon qui ouvre sur la terrasse mais mon fauteuil ne peut pas franchir une
baie trop étroite et pas davantage les deux marches qui permettent l’accès à
mon agréable terrasse remplie de verdure. Pour le moment franchir ces deux
obstacles tient de l’exploit sportif, ce que je ne suis guère !
Mon pauvre Batistou la vie que tu mènes ne peut pas être
qualifiée de réjouissante et de facile, c’est le dur apprentissage de
l’humilité à toutes les sauces qui ne
finira qu’à l’appel pour un dernier voyage que l’on souhaite apaisant ? Comme
toi je ne suis pas un calme, pas encore mais je sens que çà vient, je ne m’aurais
pas cru pouvoir supporter la perte de l’usage
de mes jambes et de ma véloce élocution sans réaction brutale et pourtant il ne
ce passa rien de particulièrement grave.
J’en suis moi-même le premier surpris et je dois bien admettre que l’homme n’est
pas toujours cohérent, çà me concerne tout à fait ! J’ai aussi noté avec
étonnement que plus la vie que je mène est détestable moins l’envie d’en finir
brutalement me titille ! Cela me déroute même à certains moments.
Mon pauvre Batistou comme tu nous là si souvent déclaré, l’homme
est parfois étonnant voire surprenant et parfois même carrément décevant mais mériterait-on
d’être blâmé lorsque l’on ne passe pas à l’acte ?