C’est un
Pépé catarrheux que l’on a livré dans la plus petite cellule de la grotte et sans trop de ménagements.
L’infirmière
officiante a proposé son aide aux ambulanciers en panne de planche de transfert.
Elle fait partie de cette équipe qui tourne et elle et moi, nous nous sommes
peu croisés depuis que je fréquente Monod. Cette professionnelle n’est pas une
débutante car en plus de son port altier elle affiche son aisance avec beaucoup
de naturel mais le contact ne dégage pas beaucoup de chaleur. Néanmoins, elle
se lance dans un ambrions de
conversation exploratoire sur le ton de la confidence et lorsqu’elle a acquis
la certitude, que chez moi tout ne se passe pas très bien, la messe est dite.
En professionnelle, elle n’a pas tardé à constater mes difficultés d’élocution,
consciente de m’avoir livré le minimum syndical, pourquoi faire des efforts disproportionnés,
l’échange est clos?
La séance se
présente pas très bien, je ne me sens pas bien callé dans ce lit, je pousse un
petit cri au moment de l’introduction de la deuxième aiguille, çà vaut la
moyenne sans plus !
Dans cet
environnement hostile je me sens tout petit et vulnérable, je me concentre afin
de gagner, le plus rapidement, les bras de Morphée. Inconsciemment je gagne sur
le temps, saucissonné comme une andouille.
J’ai conscience
que j’ai mon cul qui flambe, c’est un réveil triomphant, je ne tiendrais pas
une heure de plus, j’active la sonnette, un moment après une silhouette s’encadre
dans la porte de mon gourbis, à première vue elle n’a pas pu décrypter mon
message, alors elle s’est tiré ! Je constate une fois de plus qu’il n’y a
rien à attendre de cet environnement indifférent à la souffrance, elles sont
blasées, totalement imperméabilisées. Elles ne retrouvent un peu de pétulance
que lorsqu’elles échangent en petit groupes sur leurs mômes, leurs chiens,
leurs Jules sans tenir compte du patient devenu, tout à coup, transparent !
A dix
minutes de la fin de ma séance de torture, nouvelle alerte, cette fois ce sont
mes talons qui brûlent, il m’aura fallu trois alertes pour que l’on daigne surélever
mes pieds, mais pas question d’en finir là avec cette séance ! Mon
officiante réapparaît mais préfère ne pas comprendre, je la crois mûre pour
postuler un poste vacant de la pénitencière!